En ces temps de révolte contre les violences policières dans certaines régions du monde, beaucoup ont tendance à s’interroger sur le contexte d’une arrestation pour justifier « un contrôle musclé », une violence policière, un coup de matraque, ou un genou appuyé sur la gorge d’un père de famille qui crie « je ne peux pas respirer ». Je vous propose un essai et une mise en perspective de cette situation. Il me semble qu’à mon échelle, c’est modestement la meilleure contribution que je puisse apporter. Lire, écrire et transmettre. Toutes les sources se trouvent en bas de cet article.

Le racisme

Selon le Larousse, le racisme est une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains. Cette notion a été développée dans le courant du 18ème siècle et a connu son apogée au 20ème siècle avec le régime nazi d’Hitler qui supposait que la race aryenne était le stade ultime de l’évolution, le régime d’Apartheid d’Afrique du Sud et le régime ségrégationniste américains. Néanmoins, l’idéologie raciste trouve ses origines bien avant cela. Commençons par le début et mettons fin tout de suite à une idée reçue. Tous les êtres humains de la terre du genre Homo-Sapiens partagent plus de 99,9 % de L’ADN. Cela signifie que de l’Afrique du Sud à la Suède, allant du Canada à l’Indonésie, les hommes n’ont que d’infimes différences génétiques Toutes les théories qui sous-entendent une différence biologique et donc une différence de race entre les êtres humains sont purement et totalement fausses. Car tout n’est que construction sociale. Sachant qu’il est question aujourd’hui de racisme à l’égard des gens de couleurs et plus précisément des personnes noires. J’aimerai réfléchir sur le rapport de domination de l’homme blanc sur l’homme noir qui imprègne nos sociétés occidentales.

Le début du commerce triangulaire

Pour cela, je vous propose de faire un bond en arrière. J’aimerai aborder l’influence de la traite négrière sur nos sociétés. Avant de poursuivre la lecture de ce texte, il faut déconstruire le préjugé qui sous-entend que l’esclavage est propre à l’homme blanc sur l’homme noir. L’esclavage a de tout temps existé. Des sources remontant à l’antiquité nous montrent que de l’Égypte des pharaons à l’Empire Romain, l’esclavage existait. Il est aussi important de souligner que les royaumes Arabes ont eux aussi soumis les différents peuples noirs d’Afrique. La traite négrière n’a pas été l’invention de l’Europe. Néanmoins, jamais dans l’histoire une déportation de population d’une telle échelle et d’une telle envergure n’aura eu lieu. Nous avons tendance à croire que la traite négrière démarre à partir de la découverte de l’Amérique en 1492. Toutefois, les sources montrent que dès le début du 13e siècle, le Portugal pose les bases de ce qui sera tristement appelé « le commerce triangulaire ».

En effet, Le Portugal est le premier empire à s’essayer à l’exercice Une partie de l’intérêt était d’abord protéger les routes commerciales avec l’Asie. La montée en puissance de l’Empire Ottoman puis la prise de Constantinople en 1453 coupent les routes commerciales avec cette région du monde. Henri le navigateur (prince Portugais) voulait créer une nouvelle route commerciale en passant par l’Afrique et surtout trouver de l’or. Il s’allie avec l’immense empire Kongo et son roi qui se convertit au christianisme et portera le nom d’Alfonso 1er. Le roi du Kongo fournira des esclaves aux colons contre des marchandises européennes, les colons échangeront ces esclaves contre de l’or au Ghana, à Elmina (ce qui veut littéralement dire « la mine).

Il s’agit des bases du commerce triangulaire. Néanmoins il existe encore une épine importante dans le pied des colons. Les religions (l’Islam et le Christianisme) interdisent l’asservissement d’homme libre. Se rendant compte de l’apport financier que ce nouveau commerce pouvait rapporter aux royaumes et à l’église, le pape de l’époque Nicolas V légitima pour la première fois ces actions par le décret suivant : « Nous avons donné la faculté ample et simple au roi, d’envahir de rechercher, de capturer et de vaincre tout sarrasin et païen et tout ennemi du Christ ainsi que de réduire leur personne en esclavage perpétuel » Il s’agit là du premier tournant du rapport entre de l’homme blanc et l’homme de couleur (sarrasins) puisque le pape lui-même légitimait ces actions au nom du Christ.

Beaucoup d’historiens attestent que pour connaître la route de l’esclavage, il faut suivre les routes de l’or, du sucre, du cacao ou du coton. Le sucre était à cette époque un produit de luxe utilisé par les rois et les nobles en Europe. Suite aux coupures des routes commerciales avec l’Asie, le sucre devenait une denrée encore plus rare. 75 % des esclaves seront déportés à cause du sucre. C’est pourquoi les Portugais décidèrent de coloniser l’île inhabitée, mais très fertile de Sao Tomé (se trouvant à proximité des côtes africaines) qui remplissait parfaitement les critères climatiques pour la canne à sucre. Les colons ne supportant pas les conditions extrêmes de travail doivent trouver une main-d’œuvre capable de résister au climat et travailler plus de 12 h par jour dans les champs. La solution était toute trouvée puisqu’ils décidèrent, là encore, d’utiliser les esclaves fournis par le roi du royaume Kongo. À cette époque, les Portugais accumulent de telles richesses que Lisbonne devint la capitale de l’Europe. Loin devant Londres, Paris ou Amsterdam. Ce qui devait être à la base une simple route commerciale devint une opportunité financière sans précédent. L’île de Sao-tomé était devenue le rêve de tous les navigateurs Portugais et le cauchemar de chacun des individus asservis sur cette île.

Le désastre amérindien

En 1492, Christophe Colomb arrive dans les Caraïbes en pensant être en Inde.
Ceci marqua le début d’une exploitation frénétique de la part des conquistadors espagnols dans toute l’Amérique latine. L’idée était simple, soumettre les populations locales, les évangéliser, les former au travail et leur imposer de reverser une partie du butin à la couronne d’Espagne. Toutefois, les Européens n’avaient pas ramené que des armes et des hommes avec eux. Ils étaient porteurs de maladies et surtout de mauvaises intentions. Si bien que de 1492 à 1495, l’île d’Hispaniola vit entre 75 % et 85 % de sa population mourir. Soit par les armes soit par de nouvelles maladies inconnues des indigènes pour lesquelles ils n’avaient pas développé d’immunité.

En septembre 1520, la flotte espagnole avait atteint la vallée de Mexico. En octobre, elle franchit les portes de la capitale aztèque, Tenochtitlan, magnifique métropole de 250 000 habitants. Deux mois plus tard, au moins un tiers de sa population était morte, dont l’empereur Cuitláhuac. Alors qu’en mars 1520, date d’arrivée de la flotte espagnole, le Mexique comptait 22 millions d’habitants, en décembre, 14 millions seulement étaient encore en vie. La variole ne fut que le premier acte. Tandis que les nouveaux maîtres espagnols étaient occupés à s’enrichir et à exploiter les indigènes, des vagues mortelles de grippe, de rougeole et d’autres maladies infectieuses frappèrent tour à tour le Mexique, à tel point qu’en 1580 sa population était tombée en dessous des 2 millions d’habitants.

Noah Harari, Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir, p.18-19

Les populations restantes étaient soumises à l’esclavage et utilisées comme main-d’œuvre pour extraire l’or et travailler dans les nouveaux champs de sucre. Se rendant compte de cette opportunité sans précèdent, les Flamands, les Français, les Anglais et les Espagnols se ruent dans ce « Nouveau Monde ».

Le schéma se reproduit partout avec la même puissance et les mêmes conséquences terribles. L’arrivée des Européennes précède une extinction rapide et brutale des peuples locaux. Les Européens nourrissent les antagonismes, se servent de vieux conflits locaux, fournissent des armes aux chefs de clans et amènent toujours avec eux des maladies comme la syphilis et surtout la variole. Si bien qu’en moins d’un siècle plus de 90 % des peuples amérindiens seront quasiment décimés. Rapidement, les colonies amérindiennes manquent de main-d’œuvre. Engager des employés aurait été bien trop onéreux pour le colon avide de profit. Alors pourquoi l’Africain ? Tout simplement parce que c’est la main-d’œuvre la plus proche, la moins chère et la plus résistante aux conditions climatiques. Les historiens sont catégoriques sur cette question. L’enjeu est économique, l’idéologie et la rhétorique de la race ne sont jamais utilisées à cette époque. De plus, les conquistadors se servirent de l’expérience de Sao Tomé et la reproduisent indéfiniment en Amérique. Les négriers partent de Liverpool, Londres, Amsterdam, Nantes, Le Havre, Lisbonne ou Grenade avec des marchandises européennes, qu’ils échangent contre des esclaves en Afrique puis se dirigent en Amérique où les esclaves sont à leur tour échangés contre de l’or, du sucre, du coton ou du cacao.

L’institutionnalisation du racisme

Il faut comprendre qu’aucun pays ne contrôlait officiellement la traite négrière, elle était l’œuvre d’individus ou d’organisations privées épris de richesse. Néanmoins, les pays et l’église soutenaient cette traite, car elle leur apportait un gros butin. Il s’agit là du début du capitalisme. Une expédition était très coûteuse pour un seul individu. Plusieurs fortunes s’associaient et se divisaient les gains en fonction de la somme investie. Un riche anglais n’avait pas besoin de savoir quelles étaient les conditions de voyage sur son bateau, il voulait savoir combien il gagnerait par esclave vendu. D’ailleurs le prix des esclaves varie en fonction des fluctuations de l’économie. Durant les périodes de récoltes, un esclave peut être vendu deux fois plus cher que le reste de l’année. Un esclave provenant de telle région peut être acheté moins cher, car considéré comme plus agressif par son maître. Dans une plantation de coton au 18e siècle, l’esclave fait partie de l’inventaire de l’entreprise. Le patron possède « 6 chevaux, 3 moulins à eau et 15 nègres ». Certains penseurs s’élèvent timidement contre cette abomination. Par exemple, la tristement célèbre controverse de Valladolid (1550) qui réunit des penseurs et religieux afin de déterminer si les peuples pouvaient être soumis à l’esclavage. La séance détermina que les Amérindiens pouvaient être considérés comme humains, ils ne devaient donc pas continuer d’être asservis. Quant aux noires, ils ne méritaient d’être qualifiés d’êtres humains et devaient être soumis, car trop sauvages. On découvrit plus tard que de nombreux « intellectuelles » étaient payées par des entrepreneurs tirant profit de la traite négrière. Pendant plusieurs siècles, plusieurs pays occidentaux profiteront de l’esclavage en le justifiant de multiples manières.

Mythes religieux et scientifiques furent donc mis à contribution afin de justifier cette division. Des théologiens affirmèrent que les Africains descendaient de Cham, fils de Noé, maudit par son père qui lui promit une descendance d’esclaves. Des biologistes prétendirent que les personnes noires étaient moins intelligentes que les personnes blanches, et leur sens moral moins développé. Des médecins assurèrent que les personnes noires vivaient dans la crasse et propageaient des maladies. Ces mythes touchèrent une corde sensible dans la culture américaine et, plus généralement, occidentale. Ils continuèrent d’exercer leur influence bien après que les conditions à l’origine de l’esclavage eurent disparu.

Harari, 2011, p.179.

D’ailleurs un des centres névralgiques de la finance s’est construit sur le commerce d’esclaves ; la rue de « Wall Street » à New York. Cette ville appartenait jadis aux Hollandais et se nommait « New Amsterdam » (elle deviendra New York à la conquête de la ville par les Anglais. Afin de protéger les commerçants de la compagnie des Indes occidentales Hollandaise des envahisseurs, un grand mur fut construit par des esclaves Africains. Cette entreprise est l’une des plus cotées que la bourse n’ait jamais connues et est à la base du capitalisme batave. Son lien avec l’esclavage ne s’arrête pas là, puisque « Wall Street » est un des lieux où sont vendus le plus d’esclaves dans toute l’Amérique. Ceci contribue à placer New York au-devant de la scène mondiale parmi les villes les plus importantes du monde. Beaucoup de petits commerçants se convertissent en vendeur d’esclave pour la raison la plus simple qu’il soit : il s’agit de l’activité la plus lucrative du moment. Lehman Brothers [qui fit faillite en 2008], JP Morgan Chase, Wachovia Bank of North Carolina, Aetna Insurance, Bank of America et la Royal Bank of Scotland font partie de ces banques. En Europe la Bank of London se frotte les mains à chaque départ de négrier. Les conditions de travail et la violence étaient telles que la durée de vie d’un esclave était de 7 à 10 ans à partir du moment où il arrivait en Amérique. Certains contremaîtres ont tenu des carnets de notes personnels :

Je suis arrivé comme contremaître à la nouvelle plantation il y a deux semaines à peine, et nous avons dû administrer justice à un nègre qui s’était échappé. Nous l’avons sévèrement fouetté, et nous lui avons frotté du poivre, du sel et du jus de citron vert sur les plaies. Trois jours plus tard, le corps d’un autre esclave qui s’était enfui nous a été apporté, je lui ai coupé la tête et nous avons brûlé le corps en public. Voilà la seule manière d’imposer notre contrôle sur les nègres. Dans cette affaire ma cause devient celle de tous les colons. La condition malheureuse du nègre l’amène naturellement à nous détester. Il y a que la force et la violence qui peuvent le retenir.

Journal de Thomas Thitlehood, milieu du 17ème siècle.

La France créa une loi nommée le « code noir ». Cette loi déclara l’esclave comme étant « meuble » qu’on se transmet de famille en famille. « Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté, n’avoir point de suite par hypothèque, se partager également entre les cohéritiers » Art. 44, Code noir, 1685

Le néocolonialisme

Durant trois siècles et demi, la traite négrière fut l’un des passages les plus sombres de notre histoire. Le premier pays à abolir l’esclavage est le Portugal [1761] puis suivront d’autres pays durant le 19ème siècle. La France abolit l’esclavage en plusieurs étapes. Une première fois en 1794, puis se rendant compte du manque à gagner, le rétablie sous Napoléon en 1802. Il faut saisir un élément très important. Durant la traite négrière, l’esclavage avait quasiment disparu en Europe. Lorsqu’un pays abolit l’esclavage, il l’abolit dans ses colonies.

Les États Unis d’Amérique ont un rapport tout à fait particulier à l’esclavage puisque bon nombre des « pères fondateurs des USA » qui déclareront l’indépendance du pays en 1776 possédaient eux-mêmes des esclaves et ont construit toute leur fortune grâce au commerce du coton. En voulant abolir l’esclavage, Abraham Lincoln touchait directement aux intérêts privés et économiques des États du Sud. Ce qui donna lieu à la guerre de Sécession en 1861. L’esclavage fut aboli aux États-Unis en 1865 avec la fin de la guerre de Sécession. Au lendemain de cette guerre, dans les pays du sud, un groupuscule prônant la suprématie de la race blanche fut créé ; le Klu Kux Klan. Leur objectif était d’empêcher par tous les moyens possibles l’application des droits constitutionnels des afro-américains [assassinats, attentats, viols, tortures, enlèvements, incendies d’écoles et d’églises afro-américaines].

Malgré l’abolition de l’esclavage, les personnes noires vivent toujours en marge de la société au 19ème, jusqu’au milieu du 20e siècle. En effet que ce soit à Rio de Janeiro ou Harlem, les populations ne se mélangent pas ou très peu. Les personnes noires vivent dans des « ghettos » ou des « favelas ». Ils n’ont pas accès à l’éducation ni au droit de vote. Aux États-Unis, pour la première fois un état devient ouvertement raciste et promulgue des lois sur la base de présupposés différences liées à la race. Les personnes noires ne dorment pas dans les mêmes hôtels, car ils sont considérés comme plus sales, ils ne vont pas dans les mêmes écoles, car ils sont moins intelligents, ne sont pas soignés dans les mêmes hôpitaux, etc. Les arguments qui ont servi à justifier l’esclavage servent désormais la cause raciste qui permet de légitimer la ségrégation en instaurant une hiérarchie entre les races. Un rapport de force plus subtile s’installe puisque malgré l’abolition de l’esclavage, les personnes noires n’ont pas le droit de vote ni le droit de donner leurs avis sur des thématiques qui les concernent directement. En 1964, les noirs ont accès pour la première fois aux droits civiques aux États Unis. Le pays mit officiellement fin à la ségrégation. Néanmoins, ils font toujours partie des classes inférieures au niveau économique et culturel, puisque les ghettos existent encore, les préjugés persistent toujours et les situations économiques n’ont pas forcément évolué à cette époque.

Alors même que les esclaves furent libérés, les myhtes racistes justifiants l’esclavage persistèrent. Une législation et des usages sociaux racistes perpétuèrent la ségrégation.

Harari, 2011, p.179

Alors, qu’en est-il aujourd’hui ? Une personne sur quatre qui est en prison dans le monde se trouve aux États-Unis. Ce qui fait 25 % du total mondial des détenus. Sur ces 25 %, une personne sur deux est noire. Alors que la population afro-américaine ne représente que 14 % de la pollution totale américaine. Une personne noire sur trois risque de se retrouver en prison au cours de sa vie contre une personne blanche sur dix-sept. Ces chiffres nous permettent de prendre conscience de certains éléments. Une personne noire à cinq fois plus de chances de se faire tuer par un policier qu’une personne blanche. Il semble que le cliché perpétuel du « dangereux noir » est profondément ancré dans certaines régions. Les deux pays où a été recensée le plus de violence policière à l’égard des personnes noires sont le Brésil et les États Unis. Deux pays où il y a le plus de descendants d’esclaves. D’ailleurs, le deuxième pays le plus peuplé d’Africains est… le Brésil. La très grande majorité d’entre eux sont descendants d’esclaves, comme la plupart des afro-américains du continent.

La colonisation de l’Afrique et de l’Asie a été justifiée de la même manière. Une « mission civilisatrice », une volonté d’apporter la démocratie et la religion aux peuples « archaïques ». L’éternel fantasme du colon considérant que les indigènes possèdent « une reproduction animale ». L’hypersexualisation de la femme de couleur, souvent représentée nue. Cette volonté de « libérer » [dévoiler] les femmes, sont des traces de l’esclavage et du colonialisme. Cela se nomme aujourd’hui le néocolonialisme. Les restes du sentiment de supériorité d’une classe sur une autre dans un monde où les institutions coloniales et esclavagistes sont censées avoir disparu.

« Le néocolonialisme décrit une politique impérialiste menée par une ancienne puissance coloniale vis-à-vis de son ancienne colonie, utilisant diverses méthodes d’influence et de domination, à son propre intérêt ainsi que celui de ses entreprises »

Kwame Nkrumah, Le néocolonialisme – Dernier stade de l’impérialisme, 1965

Il est important de mettre en perspective toutes les relations sociales humaines et tenter de comprendre leurs origines. Le monde d’aujourd’hui est façonné par les choix d’hier. Lorsque les hommes, les femmes et les enfants embarquaient sur les négriers, ils étaient des Ashantis, Oyokos, Bambaras, Tacouas, Cotocolis, Coromantins et bien d’autres. Arrivés en Amérique et en Europe, ils n’étaient que des nègres destinés à servir de main-d’œuvre afin d’enrichir leur propriétaire. Le monde a longtemps vénéré la grandeur et l’histoire de ces pays. C’est oublier que la plupart d’entre eux ont construit leur fortune sur l’esclavage.

Les dernières mobilisations citoyennes démontrent, selon moi, qu’il ne s’agit plus aujourd’hui d’une lutte raciale, mais bien d’une nécessité d’analyser la mort de George Floyd en termes de rapports sociaux. La lutte contre les inégalités ne devrait pas créer de clivage, mais plutôt permettre à chacun de prendre conscience de la responsabilité qui l’incombe.

Sources :

  • Jacques Brun. « Essai critique sur la notion de ségrégation et sur son usage en géographie urbaine. » dans La ségrégation dans la ville (1994): 21-57.
  • Ameur, Farid., La Guerre de Sécession, Paris, Presses universitaire de France, 2013, 127
  • Francisco López de Gómara, Historia de la Conquista de Mexico, vol. 1, éd. D. Joaquin Ramirez Cabañes, Mexico, Editorial Pedro Robredo, 1943, p. 106
  • Kwame Nkrumah, Le néocolonialisme – Dernier stade de l’impérialisme, 1965
  • Élise Marienstras, « Guerres, massacres ou génocides ? », dans David Elkenz (dir.), Le massacre, objet d’histoire, Paris, Gallimard, 2004, p. 292
  • George Raudzens, Technology, Disease and Colonial Conquests, 2003, p. 41-42. Éric Saugera, Bordeaux port négrier, chronologie, économie, idéologie, XVIIe-XIXe siècles, Karthala, 2002 (1re éd. 1995), 382 p.), (ISBN 2865375846 et 978-2865375844).
  • Yuval Noah Harari, Sapiens : une brève histoire de l’humanité, 2011
  • Yuval Noah Harari, Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir,
  • « American civil rights movement | Definition, Events, History, & Facts »
  • Le 13éme, 2016, reportage
  • Le code noir, 1685
  • Les routes de l’esclavage, reportage 5 épisodes
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Voir les écrits de lumière de SHKODËR

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