Le vieux pazar au centre ville – 2015 – l’edoniste
Gjakovë est une des principales villes du Kosovo. Peuplée de près de 100’000 habitants, celle-ci se trouve à l’Ouest du Kosovo au milieu du plateau de Dukagjin. Elle se trouve à mi-chemin de Prizren et de Pejë (env. 35 km de chacune d’elles) et à 80 km de la capitale Prishtina. La ville est traversée par le fleuve Erenik. De par sa situation géographique, non loin des Alpes albanaises (20 km), elle est souvent considérée comme « la Shkodra du Kosovo ». En outre, les rapports privilégiés qu’ont entretenus les deux villes et leurs relations avec les montagnards accentuent cette similitude.
L’origine de son nom remonterait au XVIe siècle, lorsque les Ottomans décidèrent d’y construire une mosquée. Ils achetèrent du terrain à Jak Vula, grand propriétaire de l’époque. « Jak ova » signifiant les terres de Jak en turc, serait devenu Gjakova. C’est suite à la construction de la mosquée, baptisée Hadumi, ainsi que du marché adjacent que la ville commença à se développer.
On attribue aussi l’origine de son nom au mot « Gjak », qui signifie « sang » en albanais. Dukagjin étant une région où la vendetta, la loi de la dette de sang du Kanun (Gjakmarrja), fut sévèrement appliquée. On peut d’ailleurs noter que la ville possède quelques tours de pierre, ainsi que la région aux alentours de Junik et de Deçan. Ces tours de claustration servaient à protéger ceux qui devaient subir la loi de la reprise du sang, car nul n’avait le droit d’y entrer.
Gjakovë était aussi connue pour être un centre économique important du Kosovo. Ceci est fortement lié à sa position géographique (au milieu du plateau de Dukagjin) ainsi qu’à son histoire. Tout d’abord, l’exode rural du XVIIe siècle, en hausse dans la région, développa grandement la ville, amena de la main-d’œuvre, puis l’on vit l’artisanat et le commerce se développer. Ensuite, durant l’époque yougoslave, son économie fut en pleine effervescence, les entreprises de textiles et métallurgiques y furent nombreuses.
Les habitants de Gjakovë sont réputés pour être très cultivés. Par ailleurs, leurs investissements reconnus dans la promotion de l’éducation dans les villages de la région en font des enseignants appréciés et respectés. Les habitants sont également connus pour leur sens de l’humour ; d’ailleurs, un bon nombre d’humoristes albanais y sont originaires. Si l’on vient depuis Prizren, il coûte bien de s’arrêter sur le pont sacré « Ura e Shenjtë », où selon la légende, étrangement la même que celle du château de Rozafë, une femme fut emmurée pour pouvoir construire le pont. En continuant direction Gjakovë, se trouve ensuite le pont des tailleurs « Ura e Terzivë ». Ce pont, datant du XVe siècle, typique de la construction ottomane, mérite également une courte halte.
Aujourd’hui, le centre de Gjakovë vaut la peine d’être visité pour sa vieille mosquée et son marché environnant. Le musée ethnographique se trouve non loin de là, sur la rue « Yjete Erenikut », et la statue de mère Teresa se dresse également dans le parc de la ville. On peut aussi en profiter pour boire et manger dans ces vieilles tours de pierres qui se sont transformées depuis en cafés et restaurants.
À une dizaine de kilomètres au nord de la ville se trouve le lac de Radoniq, où l’on peut profiter d’un environnement paisible. Il est aussi possible de franchir les Alpes albanaises en passant par Gjakovë, en suivant Tropojë et en passant par la ville de Bajram Curri pour se rendre à Shkodër.