Buste de Scanderberg (héros national albanais) à Genève – 2014 – l’edoniste.
Vendredi 18 décembre 2015.
Je suis parti vivre en Albanie. Je ne sais toujours pas pourquoi j’aime ce pays. Intuitivement, je souhaite répondre parce que c’est le mien. Peut-être parce que c’est ici que je suis né comme disait Faudel.
Je n’arrive pas à croire que j’ai pensé à Faudel en écrivant ces lignes. J’ai vraiment de la merde dans le cerveau à cause de la musique. J’imagine que si les philosophes et les écrivains avaient su chanter, leurs enseignements auraient mieux été retenus ! L’Albanie, l’Albanie ! Voilà que je me perds déjà dans mes pensées.
Comme je disais par rapport à Faudel… l’Albanie pardon ! Ouais putain… j’aime trop grave ce pays quoi ! J’aime dire que je n’ai pas choisi d’être né Albanais, je le suis tout simplement. Que puis-je faire maintenant avec cette évidence ontologique ? Depuis les premiers souvenirs de mon enfance en Suisse, on m’a fait comprendre que j’étais Albanais. Mes parents les premiers : « Je shqiptar » (Tu es Albanais) me disaient-ils. « Mais oui ! Je vous crois » leur répondais-je, si vous le dites, c’est la vérité. Je ne suis pas vraiment certain de leur avoir répondu cela, en réalité j’ai dû sûrement leur demander : Je peux aller jouer dehors ? Et dehors, les autres : Tu parles quelle langue ? Il est bizarre ton prénom ! Pourquoi es-tu mal habillé ? « Tu es Albanais » me disait-on, alors j’y ai cru. Selon Jean Piaget, un enfant comprend le « je », donc prends conscience de sa propre existence, grâce au « tu » par lequel les autres le désigne. Je me souviens avoir étudié Piaget à l’école, et ceci est une des rares choses que je me rappelle encore. Elle est peut-être fausse, je n’ai rien vérifié, en même temps vous m’emmerdez vraiment avec vos références de type académique.
Mon séjour va durer 10 mois et j’ai décidé de tenir des chroniques pour partager mon expérience avec vous, lecteurs assidus de l’edoniste. Je ne sais pas où cet exercice va me mener. Je vais peut-être abandonner après 3 semaines par manque d’inspiration. Je ne pense pas, ce pays offre des ressources créatives inépuisables, il suffira de décrire ce que je vois. Cela fait moins d’une semaine que je suis là et deux propositions de mariage m’ont été faites. S’ils savaient seulement ce que je pense de la femme albanaise. Je refuse systématiquement ces propositions, mais les raisons sont trop obscures. J’ai hésité à me faire passer pour un homosexuel afin que mon entourage cesse de m’importuner avec ces sottises. Mais les répercussions pourraient être désastreuses pour ma petite personne. Je vais devoir me soumettre à certaines conventions sociales. Je n’ai pas une idée encore claire de ce que je vais écrire dans ces chroniques. Il n’y aura peut-être aucun lien entre elles. Vais-je simplement décrire mes observations ? Mes pensées ? Et si je tentais d’expliquer pourquoi j’aime l’Albanie. Cela me semble un objectif intéressant, mais voilà qu’une crainte me saisit. Et si je revenais en Suisse avec ce constat : je n’aime pas l’Albanie. Quelle désillusion serait-ce pour moi, qui en cherchant de savoir pourquoi je l’aime, je découvre que je ne l’aime pas. Et finalement, pourquoi aimer un pays ? Pourquoi n’existe-t-il pas des verbes différents pour aimer une personne, aimer une nation ou aimer le chocolat ?
Vous vous demandez certainement pour quelles raisons, je suis parti vivre en Albanie. Je ne vais pas tout vous dévoiler maintenant, je vous répondrai au fil de ces chroniques. Je vois que ce suspens hitchcockien vous donne des frissons. Patience ! Vous saurez presque tout.
Chapitre 2 : Mythicisme
CHRONIQUE PARTIE 2 Le pont de pierre (Ura e Gurit) à Prizren - 2016 - l'edoniste. Reboutonne ta chemise Mon premier hôte en Albanie fut le brouillard. Descendant de l’avion, mon esprit confus tentait de retrouver des signes sur lesquels je puisse identifier le pays....
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